

C’est la fête du village à Saint-Sauveur-Gouvernet, petite commune des Baronnies de cent quatre-vingt-quatre âmes. Madame le maire se réjouit de pouvoir accueillir à nouveau (voire enfin) un concert de Jazz au Village. De son côté Alain Brunet déplore que la programmation de cette année a dû être amputée et chamboulée à cause des grosses diminutions de subventions de la part des institutions qui habituellement soutiennent les initiatives culturelles en milieu rural.
La formation initialement prévue a été remplacée par le Chacun son Sud Trio. Une formation peu classique par son instrumentarium : un accordéon (Richard Posselt) ; une contrebasse (Anthony Gutierrez) et une trompette (Olivier Large, qui assure la direction musicale du groupe).
Le concert débute par le morceau qui porte le nom du trio.
Question orientation, ça se pose là puisque qu’on fait ensuite un Voyage à Varsovie. Une composition élégante où Anthony nous sert un joli passage à l’archet avant de passer la main à la trompette bouchée.
Un grand bon vers le sud pour tourner autour du Piton des neiges à La Réunion sur un rythme maloya évidemment.
Ensuite, une évocation de l’univers de Jobim se fait en duo accordéon et contrebasse. C’est léger comme l’air qui circule entre les vieilles pierres du village. La trompette s’immisce délicatement dans l’histoire.
Avec Pizzica de anima on retrouve un partie du folklore italien et de ses danses cathartiques.
Après ces excès, le trio nous propose une ode à la lenteur et au calme avec Ralentir, qui prend des airs d’Orient.
On poursuit vers l’Asie avec trois morceaux qui évoquent trois pays. Le premier pour la Mongolie s’intitule Diphonie, la contrebasse ici très grave n’est pas sans nous rappeler le chant typique de cette région.
Utopie nous emmène ensuite en Éthiopie où depuis quelques décennies un courant jazz (« ethiojazz ») s’est développé.
Kazak est un morceau beaucoup plus tonitruant qui ravit le public.
Le morceau Regarde fait appel à la sensibilité de l’écoute et aux interprétations visuelles que l’on pourrait en faire.
On quitte notre bonne vieille terre pour un pays imaginaire Chez Peter Pan. Olivier lâche sa trompette pour une senza et tous trois chantent un refrain à l’unisson.
On continue avec la trilogie asiatique et Rani en hommage à une femme libre en Inde, pas facile de l’être là-bas. La trompette est de nouveau aérienne et contrebasse et accordéon sont tout en douceur.
Dragon clôt la trilogie avec une évocation de l’Empire du Milieu. On entend bien les chinoiseries de la composition même si les instruments ne sont pas de là-bas.
Ce trio nous aura fait voyager tout autour de la terre en s’inspirant à chaque morceau d’un folklore différent. Le public, nombreux pour un si petit village, a fait montre d’une écoute attentive et a été sensible à la proposition du trio.
